Créée avant la Révolution, la Bibliothèque Municipale de Strasbourg est sans doute une des plus anciennes bibliothèques municipales de France.
En 1765, le professeur Jean-Daniel SCHOEPFLIN (1694-1771) - historien de renom européen, ayant beaucoup œuvré pour l'Alsace (auteur d'Alsatia Illustrata, et Alsatia Diplomatica)- légua à la Ville de Strasbourg sa bibliothèque personnelle constituée de 11500 volumes couvrant tous les domaines de l'histoire et des sciences auxiliaires, ainsi qu'une volumineuse correspondance avec des scientifiques et penseurs européens, et sa collection archéologique.
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Cette bibliothèque fut entreposée dans le chœur de l'église des Dominicains (Temple Neuf) qui jouxtait la bibliothèque de l'Université fondée en 1531 par Jacques Sturm.

Ces deux bibliothèques eurent jusqu'en 1863 une direction unique ; les administrateurs successifs, professeurs et chercheurs de l'Université, permirent à la bibliothèque d'acquérir d'importantes collections comme celle du grand facteur d'orgues J.A.Silbermann, riche de très nombreux manuscrits et alsatiques (1783).
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Le fonds de la Bibliothèque comprenait aussi une grande partie des archives de la ville, et notamment les papiers concernant le séjour de Gutenberg à Strasbourg.
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En dessaisissant le clergé de nombre de ses biens, la Révolution permit à la bibliothèque de rassembler, en 1803, les fonds très importants des couvents du Bas-Rhin, dont le fameux Hortus Deliciarum, " perle de la Bibliothèque ".
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Cette riche bibliothèque qui attire savants et érudits, devient en 1830, par le vœu de la Municipalité, une bibliothèque publique plus largement ouverte à la population, avec des fonds plus diversifiés. Elle compte alors près de 400 000 volumes, et on la décrit dans les guides touristiques de l'Alsace ainsi : "La Bibliothèque de la Ville de Strasbourg est certainement la plus grande et la plus riche du Royaume après celle de Paris".
Elle échappe à l'incendie d'une partie du Gymnase voisin, en 1860, mais les bombardements d'Août 1870 -l'armée allemande assiégeant la ville- lui sont fatals.
Le cœur de la ville avait déjà été touché le 15 et le 18 août. Dans la nuit du 24 août, les obus incendiaires, ciblant délibérément les lieux symboliques de la ville, pleuvent sur Strasbourg : le Temple Neuf est frappé de plein fouet : les manuscrits (dont le Hortus Deliciarum), des milliers d'incunables, en tout 400 000 volumes sont réduits à néant.
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Cette perte créa un profond traumatisme. Le maire Emile Kuss lança alors un appel public demandant des dons de livres : un élan de solidarité de toute l'Europe fait affluer une grande quantité de documents parfois très précieux, de Paris, Londres, Florence, Utrecht, ainsi que de villes ou particuliers allemands.
Colmar donne ses doubles, dont de nombreux incunables.
La bibliothèque est reconstituée, et en 1873, Rodolphe Reuss est nommé bibliothécaire en chef. Il le restera 23 ans.
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Cet homme remarquable, historien infatigable, véritable humaniste du 19ème siècle, se donne pour but de reconstituer une bibliothèque d'importance, qui soit un institut de culture pour la population strasbourgeoise. Les ouvrages, le plus vieux date du 9ème siècle, proviennent souvent de dons des grandes bibliothèques d'Europe, choquées par l'Incendie du Temple Neuf.
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A son départ pour Versailles, le fonds comprenait presque autant de volumes qu'en 1870 !
D'abord hébergée dans le bâtiment des Grandes Boucheries, la Bibliothèque est installée en 1887 dans l'ancienne Ecole de Médecine, porte de l'Hôpital, où sont également installées les Archives de la Ville, jusqu'en 1975, date d'ouverture des locaux de la Rue Kuhn.
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Nicolas Cytrynowicz
En 2008, les fonds patrimoniaux, riches d'environ 200 000 ouvrages, déménagent dans la Médiathèque André Malraux, bâtiment industriel situé dans le Port de la Porte d'Austerlitz.

Anne-Sophie Cheval |